En France, 80 % des collectivités locales ont déjà expérimenté des dispositifs de rencontre entre âges différents, selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Pourtant, moins d’un projet sur deux survit au-delà de la première année. La difficulté ne repose ni sur le manque d’idées, ni sur l’absence d’envie, mais souvent sur la façon de structurer la collaboration.
Certains projets s’appuient entièrement sur des bénévoles, d’autres mobilisent des professionnels de l’animation ou du médico-social. Les modèles divergent, mais les mêmes obstacles reviennent. Organisation, choix des ateliers, implication réelle des participants : chaque détail compte pour donner de la profondeur et de la longévité à l’expérience intergénérationnelle.
L’intérêt croissant des projets intergénérationnels dans notre société
La collaboration intergénérationnelle prend racine partout où l’on souhaite renforcer le lien social et rapprocher les âges. À Suresnes, des projets intergénérationnels réunissent chaque année élèves, seniors et bénévoles, que ce soit au centre de loisirs du Parc ou à la Maison de quartier des Chênes. Les retours sont éloquents : ces échanges transforment la vie collective, offrent du sens et de la chaleur aux participants.
Au centre de loisirs du Parc, on croise régulièrement jeunes et aînés lors d’ateliers partagés : peinture, jeux, jardinage. La Maison de quartier des Chênes a récemment proposé une après-midi jeux à l’EHPAD La Chesnaye. Là, les enfants entrent dans le quotidien des résidents, découvrent un autre rythme, d’autres histoires, et tissent des liens qui dépassent la simple animation. Beaucoup de ces actions naissent d’une impulsion du Conseil Communal des Jeunes (CCJ) : preuve que la volonté de construire des relations intergénérationnelles est partagée et vivace.
Les établissements suivent cette dynamique. Après que l’EHPAD de Tubize a ouvert ses portes aux enfants du personnel, d’autres lieux s’en inspirent : animations collectives, repas partagés, journées portes ouvertes. Les résidents sortent du rôle de spectateur pour devenir mentors, transmettant le fruit de leur expérience.
Voici ce que ces initiatives changent concrètement :
- Renforcer les liens intergénérationnels favorise une société plus inclusive.
- Les structures telles que les EHPAD et les maisons de quartier deviennent des pivots pour concevoir des projets à la mesure de chaque public.
- La demande existe autant chez les seniors que chez les jeunes : chacun s’y retrouve, chacun y gagne.
Ce foisonnement de projets intergénérationnels traduit un mouvement de fond : la société réclame des passerelles, veut lutter contre l’isolement et valoriser tous les talents, quel que soit l’âge.
Quels sont les principaux défis à relever pour favoriser la rencontre entre générations ?
Le développement du lien intergénérationnel ne va pas sans obstacles. Certains sont discrets, d’autres très concrets pour les associations et collectivités qui se lancent. La motivation réciproque se pose en premier : comment capter l’attention des jeunes pour l’histoire et l’expérience des aînés ? Et comment amener les seniors à accueillir l’inattendu, la nouveauté ?
Sur le terrain, la lutte contre l’isolement reste un défi. Inga Adler, chargée de prévention à Suresnes, raconte la difficulté à toucher les seniors isolés, même avec la mobilisation des jeunes. Des projets de correspondance émergent, mais créer un vrai lien social nécessite du temps, de la constance, et un accompagnement humain de qualité.
La compréhension mutuelle se construit pas à pas, au fil d’ateliers où chacun apprend à écouter et à s’exprimer différemment. Au centre de loisirs du Parc, enfants et résidents ont collaboré pour réaliser une mascotte des Jeux olympiques et paralympiques. Edwige Loisel, animatrice, a accompagné chaque étape : dessin, découpage, collage. Mais il faut aussi composer avec la différence de rythme, de références et d’attentes : cela exige pédagogie et écoute sincère.
Pour surmonter ces difficultés, plusieurs leviers se révèlent utiles :
- Adapter formats et horaires : certains seniors se fatiguent vite, les plus jeunes décrochent si l’activité s’éternise.
- Associer le personnel soignant pour accompagner les personnes les plus fragiles.
- Prendre en compte la diversité culturelle, source potentielle de malentendus mais aussi d’enrichissement mutuel.
La cohésion sociale grandit quand les acteurs savent ajuster leurs méthodes, valoriser les atouts de chacun et maintenir la discussion, même ténue, entre générations.
Conseils pratiques pour concevoir et animer un projet intergénérationnel réussi
Lancer un projet intergénérationnel efficace demande méthode et finesse. Première étape : organiser un temps d’échange pour écouter les envies et attentes de chaque groupe. L’expérience montre qu’une activité n’a d’intérêt réel que si tous les participants s’y reconnaissent. Edwige Loisel, animatrice à Suresnes, veille à accompagner les enfants à chaque étape, du dessin au collage. Cette attention aux détails rend la collaboration authentique et fertile.
Chacun possède des compétences à mettre en valeur. Au collège Henri Sellier, les élèves de la SEGPA préparent des pâtisseries pour un goûter dansant de l’Animation seniors : initiative concrète, qui met en avant des savoir-faire et suscite la fierté. Au théâtre Jean Vilar, un parcours d’expression corporelle organisé avec Chemin des arts favorise l’échange non verbal, parfois plus naturel que la conversation classique.
L’accompagnement humain ne doit jamais être négligé. Faites appel aux animateurs en gérontologie dès la conception, afin d’ajuster les activités aux besoins des résidents. La collaboration entre Julie Robert, référente du CCJ, et Inga Adler, chargée de prévention, illustre la force d’un binôme croisant le regard jeune et l’expérience senior.
Pour diversifier vos ateliers, certaines plateformes comme Wivy proposent un catalogue d’animations prêtes à l’emploi : ateliers de chant, gazette mensuelle personnalisée, jeux adaptés. Ces outils rendent la logistique fluide, tout en laissant la place à l’expression et à l’improvisation.
Quelques repères concrets pour organiser vos séances :
- Régler les horaires sur les pics d’énergie des participants.
- Prévoir des pauses et des alternatives pour les plus fragiles.
- Former de petits groupes pour garantir la qualité des échanges.
Des idées d’ateliers et d’activités inspirantes à mettre en place facilement
Les initiatives foisonnent pour nourrir ce lien intergénérationnel tant recherché. À Suresnes, le centre de loisirs du Parc a orchestré la création d’une mascotte pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Jeunes et seniors ont mis la main à la pâte, accompagnés par Edwige Loisel : découpage, peinture, souvenirs sportifs échangés, chaque étape favorisant la transmission et la connivence.
La Maison de quartier des Chênes organise régulièrement des après-midis où enfants, adolescents et résidents d’Ehpad se retrouvent autour de jeux de société. Entre ludothèque, jeux traditionnels, memory géant, loto sensoriel ou dominos à thème, tout est prétexte à stimuler la mémoire, le rire, la complicité. Un goûter partagé vient clore ces moments où la convivialité s’installe sans forcer.
Les activités musicales ont aussi le vent en poupe. Wivy, via sa plateforme Jukebok, permet aux seniors et enfants de choisir des chansons, de fredonner et de danser ensemble, portés par l’énergie d’un répertoire commun. Certaines structures publient même une gazette personnalisée : anecdotes, photos, jeux, recettes racontent la vie du lieu et prolongent la dynamique collective.
Voici quelques formats à expérimenter selon vos publics :
- Atelier jardin communautaire : enfants et résidents plantent, récoltent, observent l’évolution des cultures. Un projet suivi sur plusieurs mois, propice au partage d’expériences.
- Correspondance créative : le CCJ initie des échanges de lettres, dessins et poèmes entre jeunes suresnois et seniors isolés, maintenant un vrai fil rouge émotionnel.
- Mentorat culinaire : enfants du personnel d’Ehpad et résidents partagent recettes et astuces lors d’ateliers de pâtisserie ou de cuisine familiale.
À chaque rencontre, un nouveau chapitre s’écrit. Les générations se découvrent, se racontent, et laissent derrière elles des traces qui ne s’effacent pas si vite. La force d’un projet intergénérationnel, c’est d’ouvrir des portes où, hier encore, il n’y avait que des murs.


